Urgence !

Quand j’ai commencé mon activité, je me suis dit qu’accepter les traductions urgentes, au pied levé, pourrait être un bon moyen de trouver de nouveaux clients ou de fidéliser les clients existants. De me rendre indispensable, en quelque sorte.

Si ça a bien marché au début, j’avoue que plus ça va, plus je remets en question cette stratégie. En effet, je me rends compte de plus en plus que les retours de clients insatisfaits (agences en l’occurrence), s’ils restent fort heureusement rares, font pratiquement inévitablement suite à une demande urgente et donc à une traduction faite dans l’urgence, et souvent pour des textes plus techniques qu’il n’y paraissait de prime abord.

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Le constat suivant s’impose : certes, le client est très content quand on le dépanne et quand on lui permet de tenir les délais un peu irréalistes de leurs clients (sérieusement, quand on lance une initiative le jour X, on le sait généralement à l’avance, alors pourquoi faire traduire les communiqués de presse le jour X…). En revanche, il est le premier à râler quand le client (ou le relecteur) n’est pas content derrière et c’est pénible de devoir d’abord s’excuser, puis rappeler que les conditions n’étaient pas idéales et que les torts sont partagés. Ca ne flatte personne et c’est mauvais pour la confiance en soi.

Par conséquent, plus ça va, plus je refuse ces traductions urgentes, car je préfère éviter ces retours (certes justifiés, mais inévitables quand le temps est trop court pour appliquer la procédure de traduction habituelle, c’est-à-dire faire reposer la traduction plusieurs heures/une nuit avant de la relire). Malheureusement, cette stratégie a un revers : on risque de ne plus être ce traducteur « chouchou », vers qui le client se tourne souvent et dont il ne peut plus se passer. Je n’arrive pas à déterminer lequel de ces deux maux est le pire dans une relation traducteur/agence… (c’est sans doute pour ça que je ne refuse pas systématiquement les demandes urgentes).

Pour me consoler, je me dis que cela présente aussi un désavantage pour le client : pour une traduction moins bonne, le même traducteur en fait peut-être dix très bonnes dans l’urgence, mais (et je parle ici en ce qui me concerne) après avoir reçu un retour négatif, il aura tendance à refuser les délais trop courts ou à accepter moins de projets dans l’urgence… C’est donc le client qui se trouve dans l’embarras pour le projet urgent suivant, pour avoir un peu trop vite tout mis sur le dos du traducteur « fiable », il se voit contraint de se tourner vers quelqu’un d’un peu moins fiable pour son urgence.

Moralité : les délais trop courts ne profitent à personne, et surtout pas à la qualité !

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